Partir un jour
Amélie Bonnin, Frankreich, 2025o
Cécile steht kurz davor, ihr eigenes Gourmetrestaurant zu eröffnen, als ihr Vater einen Herzinfarkt erleidet und sie in ihr Heimatdorf zurückkehrt. Weit weg vom Pariser Leben trifft sie zufällig ihre Jugendliebe wieder, Erinnerungen werden wach und ohne dass sie es hat kommen sehen, gerät ihre Gewissheit ins Wanken. Kann der Gastronomiestar sein Schicksal selbst bestimmen?
«On connaît la haine – le mot n’est pas trop fort – du public français pour les films où les personnages chantent». Il semble que les goûts aient évolué depuis l’époque évoquée par le critique Jacques Lourcelles, au regard de l’accueil chaleureux réservé à Partir un jour, présenté en ouverture du Festival de Cannes, qui mêle au récit du retour d’une cuisinière star chez les siens en Province des scènes de playback où les personnages fredonnent des chanson populaires (de «Femme Like U» à «Pour que tu m’aimes encore» en passant par «Alors on danse»). Contrairement à bien des comédies musicales, ce «film chanté» ne raconte pas une histoire d’amour, mais est porté par l’amour d’une histoire, éternel refrain d'une certaine tendance du cinéma hexagonal: la France d’en haut rencontre celle d’en bas, la condescendance initiale cède la place à un regard plus empathique, mais la bonne volonté a ses limites – ainsi, après quelques jours, il sera grand temps pour la protagoniste de rentrer à Paris. Les mauvaises langues diront que cela sent le réchauffé, ce qui n’est jamais bon signe pour un film centré sur l’univers de la gastronomie, mais même les plus persifleur·ses seront obligé·es d'admettre que tout cela est plus complexe: la réalisatrice Amélie Bonnin a connu une trajectoire similaire à son personnage de transfuge de classe, étoile de la haute cuisine élevée dans un relais routier. Et la visite de la jeune quarantenaire à ses parents, motivée par l’infarctus de son père et la volonté de fuir quelques problèmes personnels – le stress lié à l’ouverture de son restaurant doublé de celui de se découvrir enceinte –, ne sera pas vécue comme un ressourcement régénérateur, mais plutôt comme une parenthèse réflexive, soldée par le constat doux-amer de n'être vraiment à sa place nulle part. Au cinéma comme en cuisine, la nuance est un art.
Emilien Gür